Richard III

de Willian Shakespeare

Portrait d'un psychopathe

adaptation et mise en scène de Hugo Verrecchia

Presse

 

La pièce

         Cette tragédie historique est le récit, à peine modifié du règne de Richard, duc de Gloucester. Shakespeare a pu le trouver dans une histoire de Thomas More, écrite en latin; mais c'est sans doute à travers les chroniques de Holinshed, souvent mises à contributions par les dramaturges élisabéthains, qu'il a puisé son inspiration.

Cette pièce met en scène Richard, Duc de Gloucester, un personnage ignoble, qui deviendra Roi sous le nom de Richard III après avoir fait assassiner ses deux frères, le Roi Edouard IV et George, Duc de Clarence ainsi que ses neveux; le Prince de Galles et le Duc D'York. Il est é˙vident que ce qui attira Shakespeare vers cette histoire violente, c'est la personnalité de Richard. Il fascine et épouvante à la fois; il sait enjôler ses victimes avec des discours savants, auxquels même le spectateur se laisse prendre un temps; il feint l'amitié˙ et l'amour juste ce qu'il faut pour toucher le coeur qu'il veut gagner, les bonnes grâces qui lui sont utiles. Il ajoute la brutalité à la fourberie, sans que cela paraisse invraisemblable, tant il est divers. Il est parfois cynique, mais ce n'est que devant ceux - ou celles - dont il n'a plus rien à attendre. Alors il se laisse aller à une indolence complaisante, rare chez lui. Devant les autres, il garde l'apparence de la vertu. Le cortège funèbre du Roi Henry VI, le meurtre de Clarence, celui des deux jeunes princes, enfermés dans la Tour de Londres, l'exécution de Buckingham, les fantômes de toutes ses victimes qui apparaissent à Richard la veille de la bataille décisive, la couronne arraché˙e à son cadavre donnent à cette tragédie une sombre beauté.

Shakespeare a essayé de comprendre ce personnage monstrueux. Comme il l'a fait pour tous ses criminels, il l'a rendu, malgré la démesure de son ambition, malgré sa cruauté et ses traîtrises - humain, intelligible. Pourtant il reste, à la fin, l'ambitieux forcené qu'il était au début. Rien en lui ne s'oppose aux crimes qu'il prépare, rien ne retarde leur exécution; aucun conflit de tendances, aucun scrupule, aucune hésitation. Le héros de cette pièce, très proche du véritable roi d'Angleterre dont l'histoire nous conte le règne violent, est l'incarnation du mal absolu pour lequel aucune rédemption n'est possible.

G.L.