Le personnage

         Un espace vide, un homme seul, assis sur un trône. Il écoute, il regarde, il nous interroge! Le regard halluciné. La bouche tordu par un rictus.

Qui est cet homme? Un sérial killer! Un fou, un comédien, un personnage de fiction! Peu importe: il est là devant nous, misérable et hautain.

Que se passe-t-il dans la tête de cet homme? Soudain, un hurlement de terreur résonne de sa cage thoracique! Il a peur! Il voit des visages, entend des voix. Son ventre se déchire. Encore des visages, toujours des visages. Il s'accroupit au dessus de la cuvette du chiotte! Il dégueule son âme. A-t-il encore une âme?

Dans cet espace confiné il va, il vient, marmonnant des paroles incongrues. Il nous interpelle malicieusement, nous agresse violemment. Il tourne en rond, comme une bête sauvage.

Est-il encore un homme? Une lueur, rien qu'une lueur dans son regard. Il nous apitoie. Ses yeux nous transpercent d'effroi. Cet homme a l'esprit aussi tordu que le corps de Richard III! Il éructe de plaisir devant le spectacle ignoble de ses crimes.

Ce fou, ce comédien dé¬verse sa logorrhée excrémentielle sur le public. Elle est sanglante, elle pue la mort. Les entrailles d'une femme peut-elle engendré un monstre pareil. A-t-il vraiment existé? Peut-il existé aujourd'hui?

Richard exulte, il est fier de lui, seul, assis sur son trône rempli de merde! Elle déborde et se répand partout. Elle souille tout sur son passage. Des visages, des regards, des cris insoutenables apparaissent et disparaissent mystérieusement de son cerveau malade. Sa tête explose, son corps se paralyse devant l'horreur.

Il veut aimer, il a besoin d'amour: il tue par amour! Il va mourir a cause de ce trop plein d'amour qui s'est transformé en haine.

Dans cette cellule, prisonnier de ses souvenirs, de ses cauchemars, il se joue de nous. Qui est vrai, qui est fou, qui joue dans ce spectacle plein de bruits et de fureur? Un homme, un comédien qui prend un malin plaisir à jouer ce personnage complétement allumé ou un être diabolique qui nous renvoie l'image déformée de notre propre folie?

H.V.