L’histoire est celle de Liane, jeune femme dévastée et enragée suite à la mort de son amant. Liane abandonnée à elle–même, ne veut se résoudre à être veuve, veuve trop tôt. S’adressant à son homme disparu, elle l’implore de revenir sans se rendre compte de l’absurdité de son plaidoyer. Elle témoigne sans cesse le manque provoqué par l’absence et du laisser-aller que celle-ci entraine. Une attente peuplée de petits flacons, apparaissant mystérieusement sur scène. Liane assimile cela à des messages envoyés par son disparu. ‘’Les flacons, exactement comme des fleurs. Quand je le respire exactement comme des fleurs, j’y trouve un souvenir de nous. Un souvenir par couleur’’.
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Prisonnière de son monde intérieur, Liane efface la réalité qui l’entoure, oubliant même que la guerre fait rage au dehors. Alternant soliloque et monologue dirigé vers cet absent, elle frise à plusieurs reprises la folie. Sous ses mots pointent sa colère, son refus, sa lutte contre elle-même et contre cette humanité qu’elle ne comprend pas. Liane, à la fois triste et drôle, touchante et excessivement émotive.
Cinq années s’écoulent, et devenue photographe, elle revient d’un tour du monde. Témoin des guerres, des ravages du sida en Afrique et de toute cette misère. Bouleversée et grandie par cette prise de conscience, le deuil est fait. « Revenir à soi et reconnaître une autre. Revenir à toi et ne plus te reconnaître ». Consciente que de cet amour il n’y a plus rien à espérer, elle entre à nouveau dans la vie.
Ce monologue est emplit d’une grande poésie. L’Inattendu, ‘‘un mot pour tenir debout’’, est comme un parcours initiatique. Il y a du conte et du rêve dans cette histoire là. Un déchirement entre l’enfance et l’âge adulte, entre l’amour fusionnel et la froide indifférence. Une écriture imagée, fluide et poétique. Voilà de quoi sonder les rapports troubles entre l’autre et soi.