NUIT GRAVEMENT
AU SALUT
d’après le roman de

HENRI-FRÉDÉRIC BLANC


Pourquoi monter Nuit Gravement au Salut ?


Nuit Gravement au Salut, ça décoiffe ! Ca met les pendules à l’heure, les points sur les « i » et les queues sous les « q ». Ca se lâche mais avec Panache ! Cette œuvre est un duel sanglant jusqu’à la mort certes, mais avec une ardeur maîtrisée, une passion calculée, une voracité mesurée mais d’autant plus carnivore.
Une fois de plus, Nuit Gravement au Salut, comme son prédécesseur, Combat de Fauves au Crépuscule, renvoie l’Homme primitif ; « bête sauvage et impitoyable », face à son alter ego, l’Homme moderne ; « hautement cultivé » (pour ne pas dire civilisé) un fin gourmet qui maîtrise sans effort l’imparfait du subjonctif.  Et c’est justement cette juxtaposition qui crée l’élément principal du spectacle – le rire ! Mais non sans soulever une terrible question qui pourrait être formulée ainsi- « Est-ce possible que dans notre quête humaine de se distinguer des animaux et après des centaines de millions d’années d’évolution tout ce que nos fragiles âmes de poètes charitables et bien pensants ont su faire c’est : goudronner la jungle ? »

Sous les allures d’une suave comédie Henri-Frédéric Blanc démontre comment un système basé tout d’abord sur la rentabilité entretient fatalement un matérialisme cynique chez les membres du dit système. Les consommateurs (ici les lecteurs) mais aussi les acteurs de l’industrie eux-mêmes (auteurs et éditeurs) dans l’impossibilité de s’appuyer sur quelque éthique se voient inévitablement contraints à se plier aux règles bassement animales. La loi du plus fort, chacun pour soi et vive la bonne chère ! Résultat : le cynisme s’intensifie et se propage entraînant l’être humain sur une spirale de perversité qui l’éloigne de son humanité.

Note de Mise en Scène :


L’écriture de Henri Frédéric Blanc est si affriolante de sensualité, hilarante d’acuité sur le comportement humain et dérangeante de lucidité concernant les questions de principes et l’existence plus ou moins futile de la moralité qu’il suffit de transposer le plus simplement le portrait de ses personnages opérant dans leur univers pour garantir aux spectateurs une soirée riche en bonne chère, piquante de remise en question existentielle, le tout copieusement arrosé d’un humour à la fois subtil et décapant. Nul besoin ni de Déus ex Machina, donc, ni d’effets spéciaux d’aucune sorte. Le rôle du metteur en scène devant une telle œuvre se résume d’une part à la mise en valeur du texte tel un chef d’orchestre devant les Valkyries de Wagner : Deux comédiens accordés à la perfection, tendus et résonnants, chacun habité d’un besoin carnassier de triompher; pianissimo, crescendo, allegro non tropo ! Et d’autre part à la mise en ambiance : suave, feutrée mais relevée d’un ton, les couleurs primaires délicatement chauffées pour rendre un soupçon de vulgarité au luxe et à la chair avide et délicieusement impudique, forcer un peu les traits pour bien souligner la situation grotesque ainsi que l’aspect universel des personnages. Puis en deux temps, trois mouvements c’est prêt ! Sus aux escargots et que le meilleur gagne! Kate McGatlin