Etat Second

Création et mise en scène de Gilles Droulez

Comment d'une rencontre amoureuse peut naître un autre état, un état second qui nous entraîne dans un monde parallèle où les portes de l'imaginaire sont grandes ouvertes.

Où l'on découvre le sens de l'essentiel : l'être humain, la nature. Un homme, Don Quichotte des temps modernes, qui à travers un amour fou et sublimé rejoint l'Histoire, combat ses moulins à vent avec conviction et passion. Il relate son épopée, sans cesse confronté au miroir de la réalité : la société représentée par une femme incarnant plusieurs états (de l'ordre moral à la perversité, de la femme-objet à l'ordre médicalisé).

C'est un univers poétique où l'humour, la dérision et le pathétique seront toujours présents avec comme point d'orgue, le pourquoi d'être : Quid de la folie ou de la raison ?

C'est un univers symbolique : comme si dans un couloir du temps, on rencontrait 3 déesses/ 3 sorcières/ 3 princesses, simplement trois femmes reliées entre elles par leur regard, comme si leurs âmes étaient réunies par un même point perdu dans l'univers.

Deux personnages :

•  Lui : À travers trois rencontres amoureuses successives, un homme entre dans un état second et nous fait découvrir ce qu'il ressent, ce qu'il voit. Il est dans son monde imaginaire.

•  Elle : Elle représente le réel (la société : notre Grande Dame) en confrontation avec le monde imaginaire de cet homme, tour à tour espiègle, cruelle ou femme-objet. Elle ouvre parfois des fenêtres de l'autre monde et devient la femme symbolique de ces trois rencontres.

ÉTAT Second

LUI

        C'était il y a...

                           Qu'importe le temps...

         C'était lors du cheminement de la trente-quatrième année, celle qui suit la trente-troisième, important de le préciser, vous vous doutez pourquoi.

Longue traversée, en fait j'ai l'impression que j'y suis encore... Il me reste toujours à franchir le pas de cette trente-quatrième marche...

Enfin revenons à nos moutons.... et, en ce jour éternel, montons «la Tour», vieille Tour d'un autre âge... Il fait sombre, l'escalier est étroit, une longue marche... Soudain des bruits étranges : craquements, souffle rauque... m'étais-je confronté au gardien de la Tour?.. Je m'arrête, pétrifié, la respiration coupée, comme si j'avais réveillé quelques monstres d'outre temps... Que faire, fuir à   toutes jambes? Non! J'étais déterminé. Cette force «ma lumière noire» qui m'habitait depuis «la première rencontre» était là, bien présente, tapie au fond de moi, noyau dur indestructible, plus fort que jamais, bravant tous les obtascles... J'avançais pas à pas prêt à affronter toutes les forces obscures de ce monde... Et j'ai vaincu!

ELLE

         (rire) En fait, deux ou trois pigeons... en plein accouplement, dérangés dans leur repère, plus effrayé par ce zigoto que lui et sa force !... Voilà ce qu'il a vaincu (rire)

L ui

         En haut de la Tour !! Je suis arrivé en haut de la Tour... Et là, j'ai vu : la traînée de lumière monter, se perdre dans le ciel, très vite. Comme une étoile filante qui sortirait de la terre et irait rejoindre une source lointaine, inconnue. Sa couleur : Rouge, Mauve... Comme le sang, comme l'amour...

         Et en face de la Tour, la Cité de l'Ancien Pape, que moi, fils, petit-fils de la race judéo-chrétienne, celle du Dieu unique, je tenais dans ma main...

ELLE

         C'est pas vrai !! Je rêve... Vous avez deviné, j'espère... Il parle simplement de cette bourgade, où, l'été, l'esprit s'échauffant, a lieu la bouffonnerie médiatico-culturo-marchande ! enfin seulement par intermittence... quoique parfois elle arrive encore à gronder... au sus de la populace locale !!

LUI

       Voilà, vous savez maintenant l'histoire véridique et inéluctable de la Haute Tour... et ce n'est qu'un début !

ELLE

         Ouais ! Ensuite on se réveille et l'on a la gueule de bois !

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